Pourquoi nous fait-il nous sentir bien? Le cannabis agit sur le cerveau pour générer du plaisir

Parmi les plus de 400 composants chimiques présents dans la plante de cannabis, le THC est celui qui provoque la plupart des effets connus. Lorsqu’il est consommé, ce composé passe rapidement des poumons vers le flux sanguin, où il est transporté vers le reste du corps, y compris le cerveau. En y entrant, le THC agit sur le système de gratification de la personne, composé par les régions du cerveau qui gèrent la réponse de la personne face à des plaisirs comme le chocolat ou le sexe. 

De plus, ce composant du cannabis stimule les cellules du cerveau pour qu’elles libèrent une substance chimique dénommée dopamine, qui génère ce sentiment de grande euphorie. D’autres effets dérivés de ce processus sont le rire spontané, une plus grande désinhibition et l’augmentation de l’appétit. Les perceptions des cinq sens sont également exacerbées (par exemple, les couleurs deviennent plus vives et brillantes) et le sens du temps et de la distance est déformé.

Les effets varient selon la personne et le mode de consommation. Comme l’indiquent plusieurs études, davantage de THC se dépose dans la circulation sanguine si le cannabis est fumé plutôt qu’ingéré. D’ailleurs, si le cannabis est ingéré dans un aliment ou une boisson, le début des effets est plus lent, et ceux-ci apparaissent généralement de 30 minutes à une heure après. 

La dopamine et le plaisir

Les neurotransmetteurs sont la base de toutes les émotions et les pensées, de la mémoire et de l’apprentissage. En outre, ils sont chargés de transporter les signaux entre les cellules nerveuses, ou neurones, du cerveau. 

La dopamine est l’un des plus importants neurotransmetteurs du système cérébral. Elle est connue pour être le neurotransmetteur du plaisir, car sa principale fonction est d’activer les circuits de récompense du cerveau.

Le cannabis, à travers le THC et d’autres substances chimiques dénommées cannabinoïdes, amortit l’activité d’un autre neurotransmetteur dénommé GABA, qui est chargé de contrôler la quantité de dopamine libérée. Ainsi, en bloquant le GABA, le niveau de dopamine du cerveau augmente. Cette dopamine est stockée dans le noyau « accumbens », une région du cerveau située à quelques centimètres derrière les yeux et plus populairement connue comme « le centre du plaisir ». C’est dans cette partie du cerveau qu’a lieu la montée d’euphorie et les composants du cannabis influent sur d’autres comportements tels que la faim, le sommeil et les états d’âme.

Le cannabis pour atténuer la douleur

Le THC est également responsable de la plupart des effets thérapeutiques attribués au cannabis. Outre la capacité à générer un sentiment de joie et de plaisir, la plante de cannabis contient des principes actifs avec un potentiel thérapeutique pour soulager la douleur, stimuler l’appétit, diminuer la nausée et atténuer la pression oculaire. L’usage médical du cannabis est également associé à l’amélioration des vomissements produits par la chimiothérapie. Par ailleurs, selon une étude publiée par le « Journal of the American Medical Association » en 2015, le nombre de patients qui constatent une amélioration de la douleur a augmenté.

Dans l’étude « Cannabinoïdes : agents anti-cancer potentiels », publiée par la Bibliothèque Nationale de Médecine en 2003, Manuel Guzmán, professeur d’université de biochimie et de biologie moléculaire, indique que les bienfaits les plus significatifs du cannabis et de ses préparations sont la capacité à réduire la douleur et les tremblements, les tics et les spasmes provoqués par d’autres maladies. Les principes du cannabis aident également à réguler le métabolisme et apaisent les convulsions et les épilepsies infantiles.

Grâce à ses bienfaits, de nombreux pays ont approuvé la consommation à usage médical du cannabis et d’autres envisagent même la légalisation de l’usage récréatif. Les États-Unis sont un cas représentatif de l’avancée de la régulation : jusqu’aux années 90, la consommation de cannabis était illégale dans tout le pays. Aujourd’hui, 28 États plus Washington D.C. autorisent son usage médical, ce qui signifie que 34 % de la population américaine vit dans des endroits où il est possible d’accéder au cannabis par la voie légale. Pour sa part, l’Espagne autorise la culture de la plante destinée à la consommation personnelle, ce dont profitent de nombreux usagers pour leurs maladies. Grâce aux effets positifs qu’il provoque dans l’organisme, le cannabis pourrait passer d’une substance interdite à une substance légale comme l’alcool et le tabac. 

Beaucoup à découvrir

Depuis ses origines, l’être humain a exploité les ressources naturelles pour augmenter son bien-être. C’est pourquoi les propriétés médicinales du THC et d’autres cannabinoïdes présents dans la plante du cannabis font aujourd’hui l’objet de nombreuses études, qui ont pour objectif d’évaluer et d’exploiter les composants chimiques du cannabis et ses effets sur le cerveau pour aider les patients qui souffrent de maladies et de troubles. 

En 1990, l’Institut de Médecine des États-Unis a publié un rapport qui indiquait que la réalisation de nouvelles études cliniques sur les cannabinoïdes en tant que médicaments était justifiable ; depuis lors, plusieurs médicaments qui utilisent les bienfaits du cannabis ont été développés. 

À cette époque, le dronabinol et le nabilone étaient les seuls médicaments cannabiques à avoir reçu l’approbation de l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) pour être prescrits afin de traiter les nausées chez des patients soumis à une chimiothérapie et pour stimuler l’appétit sur certains patients. Aujourd’hui, d’autres produits utilisant le THC végétal sont commercialisés pour soulager la douleur, mais la plupart des usagers préfèrent le produit original. C’est pourquoi le cannabis est la plante la plus consommée au monde.