Cette école américaine située dans la ville de Denver reçoit chaque année des centaines d’élèves qui entrainent leurs sens pour distinguer les différentes variétés de cannabis. Du niveau le plus basique jusqu’au plus avancé, les futurs sommeliers de cannabis se rendent à des conférences et réalisent des essais en laboratoire qui leur permettent même de connaître quels aliments se marient le mieux avec chaque souche. Il s’agit sans aucun doute, d’une formation complète et certifiée pour les amoureux de cannabis.

Tout comme le sommelier qui conseille les meilleurs vins à ses convives, un expert en cannabis pourra également suggérer la variété la plus appropriée en fonction des préférences des consommateurs. C’est en tout cas la prétention du restaurant Trichome Institute (traduit par « Institut Trichome ») dans la ville de Denver (Colorado), qui forme des étudiants capables de distinguer les meilleures souches par le goût et l’odorat. Une tâche difficile quand on sait que les nuances d’odeur et de saveur sont parfois difficiles à détecter. 

L’idée selon laquelle le cannabis sent la même chose est très répandue chez les personnes qui ne sont pas familiarisées avec ce monde, mais c’est loin d’être le cas. Les terpènes apportent des différences olfactives et gustatives que les élèves du Trichome Institute sont capables de découvrir et classer afin de les recommander comme s’il s’agissait d’un bon vin, et ce, grâce à leur formation.

En plus, d’assister à des conférences et à des cours théoriques avec des experts, ces étudiants réalisent des essais en laboratoire au cours desquels ils dissocient les échantillons de cannabis afin d’apprendre à les distinguer. Une fois qu’ils savent le faire, les élèves discutent des aliments qui pourraient être les plus appropriés pour accompagner chaque type de cannabis. En terminant leurs études, dont le coût peut aller jusqu’à 199 dollars (environ 185 euros au taux de change actuel), les étudiants reçoivent un certificat qui les accrédite en tant que sommelier de cannabis.

Philip Wolf est l’un des premiers sommeliers de cannabis du Trichome Institute. Aujourd’hui, il est chargé d’offrir des expériences culinaires dans lesquelles il combine des aliments, des vins et du cannabis. Parmi ses propositions, nous pouvons trouver des dîners qui incluent une côtelette au piment, le vin d’origine argentine Malbec 2013 et la souche ayant des effets euphoriques importants « Gorilla Glue », et pour le dessert, un flan au chocolat blanc servi avec un verre de vin rouge australien Durif 2012 accompagné de la variété Blue Dream afin de compléter la fusion de saveurs. Le coût minimum d’une telle expérience, qui inclut une balade en limousine à un proche dispensaire de cannabis, est de 125 dollars (environ 116 euros) pour chaque invité.

Qu’apprennent les élèves du Trichome Institute ?

Cette école offre différents cours en allant des niveaux les plus basiques jusqu’aux plus avancés qui habilitent les élèves à devenir des experts sommeliers de cannabis. Pour arriver à ce niveau, l’un des cours auxquels participent les étudiants traite de l’interprétation des terpènes. Pendant quatre heures continues, les élèves recueillent des plantes et apprennent tout ce qu’ils doivent savoir en ce qui concerne l’odeur et la structure des bourgeons et des feuilles. Cependant, ce n’est pas la seule chose que doivent apprendre les futurs sommeliers de cannabis avant d’être certifiés afin d’exercer cette profession cannabique.

 

Le président du Trichome Institute, Marc Montrose, ainsi que son PDG, Jim Nathanson, sont chargés d’élaborer le contenu des cours. Ainsi, les élèves sont supposés connaître des points importants tels que :

1. Le cannabis a une durée de vie : la chaleur, la lumière et la température sont trois choses qui nuisent au cannabis, donc si le cannabis n’est pas dans de bonnes conditions, il est possible que sa saveur soit rance et que son effet ne soit pas le même. De plus, il faut savoir que le meilleur moment pour fumer du cannabis est de deux à trois semaines après sa récolte, car ensuite, la quantité de terpènes aura diminué de 53 %.

2. La pourriture du cannabis existe : C’est pourquoi, les élèves apprennent à identifier les meilleurs récipients pour sa conservation. Si le cannabis est conservé dans un endroit avec beaucoup d’humidité et sans ventilation, il est possible qu’il pourrisse, donc il est nécessaire de le conserver dans des contenants qui garantissent le fait qu’il reste sec et qu’il soit bien aéré.

3. Le corps n’absorbe pas la totalité du pourcentage de THC du cannabis : Cela est primordial afin que les élèves sachent contrôler les effets que le cannabis peut provoquer chez ses consommateurs.

4. Les différences entre les principaux composants du cannabis : Savoir ce que sont un cannabinoïde et un terpène, les deux composants principaux du cannabis, sera fondamental pour la formation de ces sommeliers cannabiques. Ils se centreront notamment sur les terpènes, les produits chimiques qui émettent l’odeur. Ils apprendront donc des informations, par exemple, que le terpène d-limonène apportera à la souche une odeur citrique, alors que le mircène fournira une odeur davantage assimilée à celle de la terre. Le linalol et le caryophyllène seront responsables d’arômes tels que le chocolat et la lavande, respectivement.

5. L’importance du microscope dans la détection d’insectes, de bactéries et de moisissures : les élèves du Trichome Institute apprendront à détecter au niveau microscopique certains organismes qui peuvent nuire au cannabis sans qu’ils ne puissent être détectés à l’œil nu. De plus, il s’agit du seul endroit de la zone qui effectue des essais microscopiques sur les plantes de cannabis.

6. L’oïdium ne tolère pas le lait : apprendre des remèdes maison entre également dans le programme du Trichome Institute. Ainsi, pour détecter l’oïdium, l’un des champignons les plus répandus chez le cannabis, les étudiants réalisent une expérience à base d’eau, de lait et de zeste de citron.

7. L’odeur d’Indica ou de Sativa est détectée par différentes parties du nez : Il s’agit d’une leçon clé du Trichome Institute. La variété Sativa produit une odeur détectable dans la partie supérieure du nez, presque près des tempes, alors que les plantes Indica, ayant des odeurs plus fortes, sont identifiées grâce à la zone inférieure du nez.

8. Il existe également des souches rares : pour un expert sommelier cannabique, vous devrez également connaître les souches qui défient les lois de la nature et de la logique. C’est le cas de la souche Girl Scout Cookies, très populaire au Colorado. D’après Montrose, cette plante pousse et agit comme si c’était une Sativa et une Indica à la fois, elle peut donc donner lieu à des confusions que ses élèves ne peuvent pas se permettre d’avoir, surtout en tant qu’expert.

9. Les dangers des pesticides du cannabis : Au Trichome Institute, le sujet controversé sur les pesticides avec lesquels les plantes sont traitées est également d’actualité. Montrose avertit de la dangerosité de l’inhalation à travers le « dabbing », car en concentrant d’importantes quantités de cannabinoïdes cela peut également « devenir un venin pour les consommateurs » en étant associé à d’importantes doses de pesticides. Apprendre à le détecter fera également partie du cours.

Former des professionnels du cannabis

Les titres et certifications les plus répandus liés au cannabis concernent principalement le cannabis médicinal. C’est le cas de The Medical Cannabis Institute (TMCI), qui offre des cours en ligne pour les professionnels de santé qui souhaitent en savoir plus à propos du cannabis médicinal et son potentiel d’utilisation clinique. Le Cannabis Training Institute (CTI) dispose d’une formation en ligne, destinée, en plus, à des employés de dispensaires de cannabis, entre autres. Dans son catalogue de formation, il offre le Certificat officiel de Technicien de Dispensaire ainsi que des cours en lien avec la santé et la sécurité pour ces professionnels.

Les cours de l’Institut du Nord-ouest du Cannabis ne sont pas seulement destinés à des professionnels de santé, dans son campus de Natick, dans l’état de Massachusetts. Sa formation va du simple fait d’instruire des cultivateurs à celui d’habiliter différents professionnels qui veulent se spécialiser dans l’industrie du cannabis.

D’autre part, l’Observatoire Espagnol du Cannabis, dont le siège se trouve à Madrid, a récemment dispensé un cours nommé « Introduction au cannabis médicinal », destiné à des professionnels de santé (médecins, infirmiers, chercheurs cliniques, pharmaciens, physiothérapeutes, psychologues, psychiatres, étudiants dans les disciplines précédentes…) intéressés par le fait de connaître les applications thérapeutiques du cannabis d’un point de vue scientifique et rigoureux.

Comme nous pouvons le voir, il s’agit de tout un marché potentiel auquel on prête de plus en plus d’attention que ce soit pour donner ou suivre une formation. Et il est possible que cela ne soit que le début d’une longue aventure. Qui veut assister à l’un de ces cours ?