Comprendre les mécanismes de la tolérance au cannabis vous permettra de la prévenir au mieux. En adaptant votre consommation, vous pourrez, pour ainsi dire, rebooter votre organisme pour qu’à nouveau, vous puissiez goûter l’effet du cannabis comme au jour de votre toute première taffe.

Le cannabis ne vous fait plus le même effet qu’auparavant ? Malgré l’augmentation des doses, vous ne parvenez plus à expérimenter les sensations d’antan ? Le high que vous ressentez s’avère toujours plus difficile à atteindre ? Il est probable que votre organisme ait progressivement augmenté sa tolérance au THC au fil des années de consommation.

La tolérance au cannabis est unique puisqu’elle ne répond pas aux mêmes mécanismes que d’autres substances psychotropes. Elle dépend certes, en partie, d’une prédisposition génétique mais d’autres facteurs qui influent sur elle lui sont spécifiques. Il n’existe, par exemple, pas de corrélation entre la masse corporelle et la tolérance au cannabis comme c’est le cas avec l’alcool.

Une autre différence entre l’alcool et le cannabis réside dans la rapidité d’adaptation de notre corps aux psychotropes qu’ils contiennent. Le THC que renferme le cannabis interagissant directement avec notre système endocannabinoïde – lequel assure l’homéostasie du corps –, le désordre qu’il lui occasionne peut être résorbé de façons variées.

Ce désordre est dû à l’interaction du THC avec les récepteurs CB1 de notre système endocannabinoïde. Il en résulte un effet psychoactif et une altération de notre niveau de stress, de notre sensibilité à la douleur et de la profondeur de notre sommeil.

Quant à la résorption de ce désordre, comme tout système qui s’auto-régule, notre organisme met en branle une série de mesures destinées à limiter l’effet du THC s’il y est fréquemment ou durablement exposé. En d’autres termes, il atténue la sensibilité des récepteurs CB1, d’où une expérience de consommation moins profonde. Une même quantité de THC n’affectera donc plus les récepteurs CB1 avec la même intensité et les effets induits par le cannabis seront moins puissants. C’est ce que l’on nomme la « tolérance ».

En combien de temps la tolérance disparaît-elle ?

Le corps humain est une machine bien huilée capable de travailler à des vitesses extrêmes. Ainsi, une seule confrontation au THC enclenchera déjà les mécanismes conduisant au développement d’une tolérance. Mais cet effet disparaîtra aussi vite qu’il sera apparu et une simple nuit de sommeil permettra à notre organisme de rétablir le niveau de sensibilité des récepteurs CB1 à leur niveau originel. La première exposition au THC de la journée sera donc toujours la plus sensible.

C’est la répétition fréquente de cette exposition qui génèrera une inefficacité toujours plus marquée du rétablissement nocturne du niveau de sensibilité initial des récepteurs CB1. Certaines personnes ont ainsi développé une tolérance telle qu’ils doivent consommer jusqu’à plusieurs doses de 10 mg de cannabis pour ressentir les effets du THC. Les grands fumeurs de concentrés, eux, ne sont souvent plus capables d’expérimenter quoi que ce soit à la consommation d’une simple fleur. Une telle tolérance ne risque néanmoins pas d’affecter le consommateur lambda.

Comment lutter contre la tolérance au cannabis ?

Il existe plusieurs techniques susceptibles de réduire la tolérance au cannabis même si, hélas, la panacée demeure une chimère. Une première méthode consiste à programmer sa consommation. Si vous prévoyez plusieurs prises sur une même journée, gardez à l’esprit que la première sera la plus sensible aux effets du THC. Il est donc conseillé de commencer petit et de réserver les doses les plus importantes pour après, pour quand les récepteurs CB1 seront déjà quelque peu inhibés. Cette pratique génèrera les effets désirés avec des doses moindres, maintenant votre consommation générale à des niveaux bas et ralentissant la progression de la tolérance.

Les vieux de la vieille de l’univers cannabique recommandent, quant à eux, une période d’abstinence totale comme moyen de retrouver des niveaux de sensibilité normaux. Chaque nuit de sommeil réduit la tolérance au THC développée par l’organisme. Mais cette réduction n’est que progressive. Les gros consommateurs devront donc poursuivre leurs efforts jusqu’à quatre semaines pour se défaire quasiment totalement de leur tolérance. Plusieurs études attestent certes qu’en 48 heures seulement les récepteurs endocannabinoïdes peuvent se voir libérés de toute tolérance au cannabis. Néanmoins, par empirisme, nous savons que le processus d’inhibition de la tolérance se prolongera jusqu’à trois à quatre semaines.