Les maladies cryptogamiques (causées par des champignons) peuvent se manifester à tout moment. Mais c’est quand la récolte est mure que les risques sont les plus importants. Quelle frustration de perdre sa récolte après des mois de soins minutieux et de labeur assidu ! Nous sommes humains et, dans une telle situation, nous cherchons à limiter les dégâts au plus vite. Ce serait pourtant une erreur. Hélas, ce n’est pas la seule que vous êtes susceptibles de commettre avec les fongicides. Voici donc une liste des erreurs les plus courantes et quelques conseils pour les éviter.

Un fongicide est un composé biocide permettant le contrôle des maladies cryptogamiques, ou maladies fongiques, tuant un champignon déjà présent ou empêchant l’établissement de ces microorganismes nocifs pour les plantes de cannabis et susceptibles d’engendrer des pertes importantes et une réduction drastique de rendement.

Dans les cultures du cannabis, les fongicides sont surtout utilisés pour combattre le mildiou, le botrytis ou la moisissure des fleurs. Hélas, toutes les maladies cryptogamiques ne peuvent pas être combattues au moyen de fongicides. C’est le cas, par exemple, des dépérissements causés par le fusarium ou le verticilium. Dans ces cas, les problèmes sont, en fait, causés aux racines par des insectes ou par des facteurs physiques ou environnementaux.

Les fongicides n’étant pas sans risques pour la santé humaine et végétale et pour l’environnement naturel en général, les producteurs sont sans cesse plus nombreux à se tourner vers les fongicides biologiques qui n’ont pas d’impacts négatifs de ce type.

Mais l’utilisation de fongicides organiques ne constitue en rien l’assurance d’une culture propre et sans danger. Les producteurs ayant recours à ces produits ne sont pas à l’abri d’une erreur susceptible de leur couter temps et argent. En voici les plus courantes :

Identification incorrecte du champignon

Comment lutter efficacement contre un champignon dont on ne connaitrait même pas la nature ? L’identification erronée d’un champignon conduit irrémédiablement à l’application d’un traitement inadéquat. Bien qu’il ne cause pas nécessairement de dégâts aux plantes, un remède impropre génère une perte de temps, un temps durant lequel le véritable agresseur de vos plantes poursuit son action prédatrice sans rencontrer de résistance, un temps précieux durant lequel vos plantes subissent un stress et une souffrance qui impacteront leur rendement final, un temps durant lequel vous gaspillez inutilement de l’argent et de l’énergie, un temps durant lequel vos problèmes peuvent devenir incontrôlables et mener à la mort pure et simple des plantes infectées.

Mélange de fongicides

L’application concomitante de plusieurs fongicides n’améliore pas leur efficacité, bien au contraire. En effet, de telles pratiques sont susceptibles de dénuer les fongicides individuels de tout effet bénéfique, voire de les charger en effets nocifs. La plupart des fongicides biologiques et microbiologiques sont dotés d’étiquettes évoquant explicitement s’ils peuvent être mélangés à d’autres anti-nuisibles et/ou compléments nutritionnels. Respectez-les. Les fabricants seuls savent réellement ce qu’ils ont mis dans leurs produits et quels effets ils sont susceptibles de générer.

Application excessive de fongicides

Voir ses plantes en proie à des champignons qui les dévorent lentement est aussi pénible qu’affligeant. Dans ce genre de situation, nombre de producteurs ont donc souvent tendance à utiliser des quantités très importantes de fongicides pour se débarrasser au plus tôt d’eux. L’application généreuse de fongicides peut certes parfois s’avérer utile. Mais elle peut aussi abimer les plantes. Les consignes d’utilisation idéales sont pourtant simples : le produit adéquat, au moment opportun, dans des quantités appropriées.

Rencontrer ces trois critères est, hélas, souvent fort complexe. Et même dans ce cas-là, la partie n’est pas gagnée. En effet, asperger du fongicide n’est pas chose aisée. Ces produits fonctionnant généralement par contact, il faut en asperger l’intégralité de la plante sans en omettre aucun recoin. Face aux champignons, il faut attaquer fort et, surtout, attaquer la menace dans son ensemble. Dans le cas contraire, vous n’en viendrez jamais à bout.

Omission d’essais préalables

Un essai préalable est fondamental. Le contrôle strict des produits dont vous aspergez vos plantes est fondamental pour vous assurer de leur efficacité. Une évidence vous direz-vous à la lecture de ces lignes. Et pourtant, vous seriez surpris du nombre de producteurs qui appliquent du fongicide dont ils ne se sont pas préalablement assurés de l’efficacité. Face aux champignons, le temps presse et chaque jour passé augmente l’emprise du parasite sur la plante. Mais il n’empêche, prendre une journée pour faire un essai sur une feuille ou une branche avant d’asperger la plante entière ne peut qu’être profitable.

Mauvais stockage des produits

Contrairement aux produits chimiques classiques, les fongicides – surtout les fongicides biologiques – ne peuvent pas être simplement stockés dans un armoire. Il s’agit, en effet, d’organismes vivants sensibles à la lumière et à la chaleur. Lisez donc les étiquettes et stockez vos produits dans les conditions recommandées par leurs fabricants.

Traitement des symptômes plutôt que des causes

En général, les cultivateurs adaptent leur comportement à ce que leur montrent leurs plantes. Hélas, ce sont des symptômes qu’ils ont ainsi devant les yeux, non les causes précises du problème. Il faut donc s’en méfier. En effet, certaines maladies sont invisibles alors que les symptômes d’autres peuvent prêter à confusion.

Prenons la moisissure en exemple. Ce problème saute généralement aux yeux des cultivateurs quand il s’est déjà étendu au feuillage. Ceux-ci sont donc enclins à opter pour un fongicide destiné à éliminer les champignons s’attaquant aux feuilles. Or, il conviendrait plutôt de se questionner sur l’origine précise de la moisissure.

En fait, comme le dit la maxime, mieux vaut prévenir que guérir. Outre le contrôle strict des températures, des niveaux d’hygrométrie et de l’arrosage, veillez donc aussi à la propreté tant de votre milieu de culture que des instruments que vous utilisez. Cette règle de base assurera le succès de toutes vos cultures de cannabis.