Dans les jardins de tout cultivateur peuvent un jour apparaître de mystérieux plants d’herbe aux mutations surprenantes. Il s’agit de phénotypes uniques et différents de tout ce qui se plante habituellement. Ils ressemblent à la version cannabique de la saga populaire de Marvel : des cannabis mutantes aux apparences déconcertantes et aux propriétés sans précédent. Une question demeure en suspend : sont-elles des signes de l’inévitable évolution de l’espèce ou de simples anomalies génétiques ?

La clé de la réponse reste dissimulée à l’endroit même où ces mutations singulières ont vu le jour : dans le code génétique de la plante. C’est là, entre les hélices de leurs chaînes d’ADN, que les réponses cryptées nous attendent. Et c’est uniquement en les étudiant que l’on pourra savoir si ces mutations sont dues à une erreur lors de leur réplication cellulaire, à l’effet évolutif de la recombinaison génétique, ou au changement de leur génotype, provoqué par des causes extérieures.

Le cannabis tentaculaire et ses branches autonomes

Il s’agit d’une mutation génétique qui crée des plantes dont les tiges envahissent le sol, telles des tentacules toujours à la recherche d’un point d’ancrage. Elle est connue sous le nom de 'phénotype rampant'. Au début, elles poussent comme des plantes normales, mais lorsqu’elles atteignent un mètre de hauteur, leurs extrémités commencent à descendre jusqu’à atteindre le sol. Une fois en bas, elles commencent à se propager et à se répandre dans le jardin. Et le plus curieux: s’il y a du substrat, elles prennent racine.

C’est une mutation qui est née dans les forêts et qui permettait au cannabis d’atteindre la lumière. (Photo)

Vraiment bizarre, n’est-ce pas ? Les branches de ces plantes 'rampantes' peuvent prendre racine lorsqu’elles se développent sur un substrat humide. Une fois que ces branches ont créé leur propre système radiculaire, elles commencent à pousser vers le haut, comme si elles étaient des plantes munies d’une identité propre. Tout cela crée, bien sûr, des phénotypes aux productions bien plus élevées. Cette mutation déconcertante n’apparaît que chez les Sativas ; et dote les plantes de feuilles et de tiges extrêmement fines, semblables à celles des vignes.

Une marée verte pour partir à la chasse d’une 'superphotosynthèse'

La mutation connue sous le nom de Phyllotaxie verticillée crée des plantes à trois feuilles ou plus par entre-nœud au lieu des deux habituelles, pour donner de magnifiques phénotypes, bigarrés et plein de feuilles. Il faut savoir que ces spécimens de trois ou quatre feuilles par 'étage', constitueront ensuite le point de départ de nouvelles branches latérales et d’entre-nœuds. Cette particularité, ajoutée au grand nombre de feuilles qu’elles contiennent, convertit les détentrices de cette mutation en de parfaites candidates pour obtenir des productions très importantes.

Cette altération génétique crée des plantes à trois, voire quatre branches par nœud.

Malheureusement, très peu de cultivateurs sont en mesure de confirmer le pouvoir de cette mutation : en effet, bien qu’elle permette d’absorber plus d’énergie luminaire, elle engendre une proportion très élevée de mâles. La cause de sa surproduction foliaire paraît résider dans la mutation d’un ou de plusieurs des gènes responsables de la croissance des plantes. Il semble qu’ils aient 'évolué' pour créer des individus disposant d’une plus grande superficie pour absorber les rayons du soleil.

Les plantes qui peuvent produire des têtes à partir de leurs feuilles

Une surprenante mutation, dont l’origine demeure inconnue, permet aux plantes sur lesquelles elle se manifeste, de développer des têtes situées à la base de nombre de ses feuilles. Cela semble difficile à croire, mais il y a déjà un nombre conséquent de personnes qui ont pu être témoins de la croissance de feuilles et de pistils à l’endroit d’union des feuilles et des tiges de leurs plantes. Ces fleurs ne sont pas très grandes, mais elles génèrent une importante controverse dans le petit monde des fumeurs, puisque personne n’en connaît la cause.

Les plantes avec cette mutation développent de surprenantes têtes sur leurs feuilles.

À la différence des têtes que nous connaissions jusqu’à présent, et qui poussaient dans les bourgeons de nos plantes, cette nouvelle génération de 'têtes mutantes' peut également se développer au niveau de l’union des folioles (les différents 'doigts' des feuilles). Elles ne regroupent pas beaucoup de calices, et ne forment pas non plus de grandes fleurs, mais elles ont du THC, et il est incontestable que leur appariation puisse faire émerger une nouvelle façon de comprendre la floraison. Certains réfléchissent déjà à comment en tirer parti, pour augmenter les productions.

Mutation polyploïde ou les géantes du cannabis

La polyploïdie est une mutation génétique qui crée des plantes munies de zones hypervigoureuses (comme par exemple, les têtes), faisant de ces beuhs d’authentiques monstres verts. Il s’agit là d’une anomalie génétique qui se produit lorsque les plantes présentent plus de chaînes de chromosomes que les deux qui caractérisent son espèce. D’où le nom de polyploïde (nombreuses chaînes) ; en opposition à la structure diploïde (deux chaînes) du cannabis.

Les phénotypes qui présentent cette mutation créent des plantes très grandes. (Photo)

Ces exemplaires sont, en général, bien plus grands que leurs compagnons de la même variété. Mais leur génome n’est pas uniquement source d’avantages : ils ne peuvent pas transmettre leur gigantisme à leurs descendants ; ni aux plantes issues de croisement avec des plantes normales, ni à celles engendrées par l’union avec un autre 'mutant'. C’est un clin d’œil de la nature, qui peut se reproduire grâce à certaines techniques d’horticulture ou avec la dangereuse colchicine, un agent chimique capable d’interrompre la mitose des cellules végétales.

Deux plantes pour le prix d’une ! : Le cas étrange des plantes 'jumelles'

Dans le petit monde cannabique, on associe la germination de deux plantes d’une même graine au terme mutation. Il n’en est rien. Il s’agit de graines polyembryoniques, ou ce qui revient au même : une graine qui contient deux individus. Cela se produit lorsqu’un embryon se développe à partir d’un ovule fertilisé, en même temps qu’un autre embryon est en train d’être produit dans les tissus de l’organe féminin de la plante. Par conséquent, une plante sera 'normale' tandis que l’autre sera un clone de la mère.

Généralement confondu avec la mutation, c’est un phénomène plutôt normal en botanique. (Photo)

Les tiges de ces plantes sont très sensibles, de sorte que si on essaye de les séparer avant que la graine ne se soit décomposée, il est probable que les deux plantes meurent. Mais une fois qu’elles ont obtenu une taille considérable (de 20 à 25 cm), on peut parfaitement les séparer, puisqu’elles constituent deux plantes indépendantes. C’est un phénomène qui, en dépit de sa rareté, apparaît relativement fréquemment, et qu’il ne faut pas confondre avec des malformations, comme celle de la marijuana siamoise (deux plantes pour une racine).

Le surprenante cannabis albinos : mais d’où viennent ces têtes blanches ?

Voir des têtes blanches sur des plantes où se mêlent des spécimens incolores avec des parties vertes est, sans aucun doute, l’une des situations les plus déconcertantes qui puissent survenir dans le monde du cannabis. Ça s’appelle la variégation et il s’agit d’une mutation provoquée par une mauvaise expression des gènes qui régulent la chlorophylle, donnant naissance à des plantes aux traits albinos. Ils peuvent se retrouver sur certaines parties de la plante (par exemple sur les têtes) ou tresser des spécimens colorés et incolores.

L’albinisme peut sembler très esthétique, mais sa culture n’est pas très pratique. (Photo)

La clé réside dans la cause de l’albinisme : s’il provient du double gène albinos, alors toute la plante sera blanche ; s’il provient d’une mauvaise expression des gènes qui régulent la production de chlorophylle, alors il produira des zones ou des dessins blancs comme la neige. La plante porteuse de cette dernière variation sera celle qui aura le plus de chance de survivre, parce que les cannabis totalement albinos périssent rapidement à cause de leur carence en chlorophylle qui les empêche de synthétiser la lumière.

Quand la mutation se standardise : le cas de l’Australian Bastard Cannabis

Le cas de l’Australian Bastard Cannabis (ABC) est le parfait exemple d’une tendance de gènes mutants qui se sont peu à peu stabilisés jusqu’à créer une variété en elle-même. Son apparence est si radicalement différente, que certains l’ont confondue avec une autre espèce appartenant au monde du cannabis. Il n’est pas facile de croire qu’on est face à une plante de cannabis lorsqu’on observe ses petites feuilles, brillantes et rondes. Mais si, c’en est une, elle a juste évolué !

Ses petites feuilles et sa structure chétive lui servent à combattre le froid. (Photo)

Bien sûr qu’à première vue, personne ne parierait qu’il s’agit là d’un type d’herbe, cette variété ressemblant à s’y méprendre à un arbuste, avec d’insolites feuilles arrondies à la couleur très brillante. Mais cette apparence est le résultat de générations d’évolutions sauvages, au cours desquelles le génome a trouvé les solutions pour survivre aux basses températures nocturnes des montagnes voisines de Sidney. Une évolution qui pourrait contenir la clé pour la création de cannabis résistantes au froid.

Cannabis 'pieds de canard' : la meilleure compagne du grower discret

Les monts australiens et la main d’un un breeder océanique ont forgé l’une des plus rares anomalies stabilisées qu’a pu connaître le monde du cannabis. Il s’agit de la mutation Ducksfoot (pied de canard), qui tire son nom de ses feuilles palmées, évocatrices de cet animal. C’est une altération génétique du génome classique du cannabis qui apparaît presque toujours chez les plantes Sativas et qui bénéficie d’un caractère récessif ; si on arrive à la trouver, on pourra la conserver dans notre jardin.

Vous pouvez voir que ces phénotypes se ressemblent très peu, voire absolument pas aux plantes typiques de marijuana.(Photo)

C’est le cultivateur australien Wally Duck qui a stabilisé cette mutation si recherchée par les amis de la culture discrète, et qui produit des feuilles si différentes de celles du cannabis conventionnel. Lorsque vous la trouverez ne la laissez pas s’échapper, puisque si on la croise avec des variétés 'normales', on obtient des phénotypes palmés dans une proportion de trois à un. Et c’est bien un gage de discrétion lorsque qu’on souhaite planter du cannabis à l’abri des regards indiscrets.

Bonus track (Niveau Magneto) : Le cannabis sous-marin peut-il des bourgeons sous la mer ?

Il y a moins de deux mois, on aurait apparemment découvert, aux abords des côtes du Chili, des plants de cannabis qui poussaient en dessous du niveau de la mer. Elles ont été aperçues par des pêcheurs qui, en remontant leurs filets se sont trouvés nez-à-nez avec un matériel végétal jamais vu. C’était du Cannabis Sativa (marijuana) ; telle fut la conclusion « officielle » de l’Institut Chilien d’Aquiculture, après avoir analysé les échantillons de tête subaquatique. Cette nouvelle variété océanique a été baptisée « l’amie des pêcheurs », en honneur à ses découvreurs.

Le Chili est l’un des endroits au monde où la culture du cannabis est la plus ancienne. Mais si ancienne que cela... (Photo)

Les chercheurs pensent que l’apparition d’un gène mutant, la proximité d’eaux thermales et sa localisation épipélagique, sont les trois facteurs clé qui ont coïncidé pour engendrer une beuh sous-marine, qui produit même des têtes ! Mais avec un indice de tétrahydrocannabinol plutôt bas. « Les taux de THC ne sont pas particulièrement élevés, mais c’est vrai que ces plantes produisent des fleurs féminines », assurait Camila Rojas, une biologiste marine impliquée dans la recherche.Recherche qui n’est rien d’autre qu’une rêverie élaborée, puisque ce cannabis sous-marin n’est effectivement pas de cette planète.