Cinq anomalies génétiques touchant les feuilles de cannabis

Nous analyserons ci-dessous certaines anomalies génétiques pouvant survenir au niveau des feuilles de cannabis, tout en abordant les causes de ces phénomènes et comment déterminer si les symptômes proviennent de mutations génétiques ou d’agents pathogènes externes :

1. Les feuilles verticillées

Au début de la phase végétative, les feuilles de cannabis apparaissent généralement par paires, de chaque côté de la tige au niveau des nœuds. À maturité, et pendant la floraison, il est courant que les plantes développent leurs feuilles selon une disposition différente, avec une seule feuille à chaque nœud, même si certaines feuilles continueront d’apparaître par paires. Beaucoup moins courant, les feuilles peuvent pousser en spirale, ou phyllotaxie, avec des feuilles sur différents plans parallèles. Ainsi, les spirales peuvent avoir trois ou quatre feuilles, voire plus, au niveau de chaque nœud.

Ce n’est absolument pas synonyme de maladie infectieuse et pourrait en fait augmenter le rendement des plantes. Malheureusement, même s’il permet à la plante d’absorber plus d’énergie lumineuse, il peut également produire de nombreux mâles. La cause de la surproduction foliaire semble résider dans la mutation d’un ou plusieurs des gènes chargés de contrôler la croissance des plantes et qui semblent avoir évolué pour donner naissance à des individus disposant d’une plus grande surface pour absorber les rayons du soleil.

2. Les bourgeons

Les bourgeons sont de petits bulbes formés à la jonction d’un pétiole et des pièces foliaires d’une feuille de cannabis. En découvrant cette rareté, certains pourraient penser : « Génial, un rendement extra ! ». Toutefois, si ces croissances peuvent contribuer aux rendements, elles sont probablement assez insignifiantes. Les bourgeons n’ont pas énormément de calices et ne produisent pas de très grandes fleurs. Il est néanmoins indéniable que leur existence pourrait permettre une meilleure compréhension de la floraison.

Le problème de ces mini-têtes, c’est qu’elles contiennent généralement des fleurs hermaphrodites pouvant polliniser vos plantes. Voilà pourquoi vous devez régulièrement inspecter les feuilles pour tenter de détecter les fleurs mâles, puis de les retirer soigneusement si vous voyez quelque chose de suspect.

3- La fasciation, ou cristation

La fasciation est une mutation de la croissance d’une plante dans laquelle le méristème apical (ou cône végétatif, c’est-à-dire l’extrémité des tiges) s’allonge perpendiculairement dans le sens de la croissance. Ce phénomène donnera lieu à des tissus aplatis, comme des rubans, à crête ou ondulés.

La fasciation, également connue sous le nom de cristation ou de polyploïdisme, est une mutation génétique donnant naissance à des plantes dont certaines parties sont très vigoureuses (notamment les têtes), raison pour laquelle elles deviendront véritablement monstrueuses. C’est une anomalie qui se produit lorsque les plantes ont plus de chaînes chromosomiques, des deux plus caractéristiques de l’espèce. D’où son nom de polyploïde (plusieurs chaînes) ; par opposition à la structure diploïde (deux chaînes) du cannabis. La mutation est généralement causée par une infection bactérienne, des attaques d’insectes ou de parasites, ou encore des dommages chimiques ou mécaniques.

Certaines plantes héritent de cette mutation qui ne produira pas de dommages irréparables, même si le poids et le volume du tissu en question aura tendance à augmenter avec irrégularité, provoquant la formation de tiges creuses et molles, ce qui les rendra plus susceptibles de plier sous l’effet de vents forts. Ces têtes déformées et marbrées sont également plus susceptibles de souffrir d’infections fongiques telles que le botrytis.

4. La variégation et l’albinisme

La variégation est une altération de la couleur à l’origine du développement de fleurs multicolores ou avec différentes nuances. Elle est causée par une expression différentielle des gènes ou par l’infection d’un virus. Dans l’expression génique différentielle, l’emplacement d’une cellule dans une plante détermine les gènes actifs, créant des différences de couleur. Les exemples les plus familiers de ce phénomène sont probablement les marbrures des pastèques ou les cercles violets sur les feuilles de certains géraniums.

Dans le cas des parties marbrées ou les cercles violets, les cellules ont le même ensemble de gènes que dans le reste de la plante, mais ils possèdent également des gènes actifs responsables de leur couleur différente, des gènes restés en latence dans le reste des cellules. Dans le cannabis, cette expression différentielle des gènes est responsable des feuilles et des têtes violettes ou bleutées observées dans certaines variétés. Comme vous le savez, les températures fraîches ou les lumières vives augmenteront l’expression de ces gènes.

Dans certains cas extrêmes, les gènes qui contrôlent la production de chlorophylle peuvent même être désactivés et provoquer la naissance de plantes albinos. Voilà pourquoi les plantes qui nécessitent la photosynthèse pour vivre mourront alors et n’atteindront pas la maturité si elles sont albinos, puisque la chlorophylle est nécessaire à la photosynthèse.

5. Les feuilles en patte de canard

Les feuilles en pattes de canard sont formées de membres foliaires fusionnés qui ressemblent aux pattes palmées de l’animal. Cette caractéristique est visible dans certaines variétés commercialisées pour les cultures en extérieur discrètes, car elles sont moins reconnaissables que les plantes de cannabis courantes, même si elles seront assez similaires lors des stades de floraison avancés puisqu’elles seront recouvertes de têtes.

C’est un trait génétique héréditaire dont les agents pathogènes sont totalement étrangers. En réalité, il s’agit d’une altération génétique du génome classique du cannabis, presque toujours présente dans les plantes Sativa et dont le caractère est récessif, ce qui signifie que s’il est présent, il sera conservé et reproduit dans la descendance génétique de la plante.

Lors de la création de la Frisian Duck, l’objectif était clair : obtenir une plante à hauts rendements pour les cultures en extérieur. La banque de graines néerlandaise Dutch Passion a travaillé dessus pendant plusieurs années, même si l’accueil fut chaleureux dès les premières générations, puisque, grâce au camouflage naturel donné par la forme inhabituelle des feuilles, les gens pouvaient passer devant les plantes sans se rendre compte de ce dont il s’agissait véritablement.